Comme je l’expliquais brièvement dans mon article « Cyber-espace démystifié », la main mise des grosses entreprises sur les services internet est telle que le grand public ne distingue pas ces services de leur support. J’entends dans mon entourage des personnes dire « j’ai lancé Google » sans qu’ils aient conscience qu’il leur faut un navigateur WEB pour utiliser un moteur de recherche. Ils sont alors incapables de dire quel navigateur ils utilisent, étant persuadés que le navigateur, le moteur de recherche et le Web ne font qu’un. Idem pour les autres services: Facebook, Instagram, Skype, Messenger, Youtube, Amazon, etc.. Ces services qui collectent nos données et tendent à restreindre notre libre arbitre sont la propriété des GAFAM et fonctionnent grâce à Internet qui à la base est un bien commun, un outil d’émancipation et de liberté. C’est ce bien commun, l’Internet qui est menacé par les GAFAM.
Il reste possible de changer les choses. Il suffirait pour cela que les utilisateurs de ces services s’en détournent pour leur équivalent sous licence Libre (voir mon article sur les logiciels sous licence Libres). Il faudrait également que ces services soient hébergés de façon décentralisée, à l’opposé de leur concentration dans les fermes de serveurs des GAFAM. Bien entendu, pour que cela commence à fonctionner, il faut que les consommateurs de ces services prennent conscience du danger et fassent un effort (considérable, sans doute) pour changer leurs habitudes. On peut comparer la situation à ce que l’on commence à percevoir comme une tendance lourde dans la baisse de fréquentation des grandes surfaces. Le retour à la consommation de produits moins nocifs (bio, agriculture raisonnée) et aux circuits courts intervient après les excès de la grande distribution et des industries agro-alimentaires associées à un modèle de production agricole utilisant la chimie (Monsanto, Bayer, et les quelques autres).
La comparaison des services implantés sur internet avec les circuits de production et de distribution n’est pas anodine. Cela fait maintenant 50 ans que Felix Potin (épicerie née au 19em siècle) a commencé a être concurrencé par les grandes surfaces. L’enseigne Felix Potin a disparu en 1995 (25 ans après le début du succès des grandes surfaces). J’ai connu l’enseigne dans ma jeunesse passée en région parisienne. j’en garde une certaine nostalgie et comme un point de repère un peu désuet.
FaceBook, le réseau social, a commencé sa vie il y a 14 ans, sans concurrence. Finira-t-il comme Felix Potin, tué par un concept plus novateur, ou finira-t-il racheté par Google ? Dans les deux cas, ce sera avec l’appui informel du consommateur. Combien de temps faudra-t-il au public, pour percevoir les aspects nocifs de ces services quand ils sont proposés par des entreprises dont l’unique raison d’être est le profit ? La nocivité dont je parle réside dans la perte de liberté des individus, et finalement dans l’atteinte à la démocratie. Est-ce pire que la forme d’atteinte à la liberté que représente l’étouffement du petit commerce par la distribution en grande surface, ou que l’atteinte à la liberté que représente l’appropriation du bien commun (par exemple les graines en agriculture) au travers de brevets et de sélections qui tue la diversité biologique et laisse la porte ouverte aux grands groupes de l’industrie phytosanitaire ? A vous de juger. Mon sentiment c’est que nous devons reprendre les choses en mains, nous les individus. Pour ce qui concerne les GAFAM, je vous conseille donc de réagir pour qu’Internet continue a être un bien commun, un outil d’émancipation et de liberté. Pour cela utilisez les services et logiciels sous licence libre (voir mon article sur les logiciels sous licence libre). Les alternatives a Facebook, Messenger, Twitter, Instagram, Skype existent. Elles sont simplement moins fréquentées, mais le nombre de leurs utilisateurs est en progression grâce à l’activisme des défenseurs d’un modèle alternatif. Ces même défenseurs participent également au développement de projets et d’initiatives citoyennes comme des hébergements distribués et libres de services Internet alternatifs, à l’opposé de l’hébergement centralisé dans les silos de serveurs des GAFAM.
Quelques un des services alternatifs, sous licence libre et installés chez des contributeurs volontaires suivant un modèle distribué:
- Tweeter -> Mastodon (réseau social, logiciel de micro-blog auto-hébergé et libre)
- Skype -> Jitsi-meet (application web de conférence video)
- Google search -> Searx (méta moteur de recherche, libre)
- WhatsApp -> Signal (communication cryptée, respect de la vie privée)
- Messenger (FaceBook) -> Signal
- DropBox, Google Drive, iCloud Drive -> Next Cloud (serveur auto-hébergé de type cloud)
- YouTube -> Peer Tube (logiciel libre d’hébergement de vidéo décentralisé grâce à la diffusion en pair à pair.
Pour prendre la mesure de l’évolution de ces projets, je vous conseille de fréquenter le site FRAMASOFT qui est une bonne vitrine des efforts de nombreux LIBRISTES convaincus et militants.
Dans la foulée je vous propose la lecture d’un ouvrage conçu comme un véritable manuel d’auto-défense du citoyen connecté, Déclic contient un volet pratique bourré de solutions et de conseils alternatifs, pour refaire d’internet un bien commun. Ce temps de confinement est l’occasion ou jamais de les tester. Vous pouvez télécharger les premières pages de l’ouvrage ici.
Voila.