La Fibre – Nouvelle installation et expérience de l’IPv6

Si vous pouvez lire ces quelques lignes c’est que mes services auto-hébergés sont de nouveau en ligne (comprendre: accessibles dans le cyberespace). Il y a 20 jours mon épouse et moi déménagions dans une maison située à 100 m du point de livraison de notre fournisseur d’accès internet (la maison est à 70 m de la rue). Les serveurs hébergés à la maison ont été déménagés également et leur raccordement à la fibre optique a été nécessaire.

Le raccordement

Pour être raccordé au point de livraison de la fibre optique (la boite sur poteau, dans la rue) il faut mettre un conduit à disposition du technicien chargé de l’opération. En général, le conduit du téléphone est utilisé à cet effet. Dans notre cas, le conduit enterré du téléphone étant obstrué, il fallait soit ouvrir une tranchée, soit utiliser un autre conduit existant. Le plus simple étant d’opter pour un conduit existant, j’avais le choix entre:

  • le conduit électrique alimentant la maison depuis le compteur en limite de propriété;
  • le conduit d’évacuation des eaux usées raccordant la maison au réseau du tout à l’égout.

J’ai opté pour le passage dans le conduit électrique (il n’y circule aucune matière susceptible d’occasionner des incidents). La faisabilité de l’opération a été testée par passage d’une aiguille en fibre de verre de diamètre 4.5 mm depuis la sortie du conduit dans le sous-sol de la maison jusqu’à la limite de propriété (soit sur environ 75 m de longueur). La validation étant faite, pour trouver l’entrée dans le conduit coté rue il a fallu creuser le terrain sur environ 1 m de profondeur derrière l’armoire de raccordement EDF. Ensuite dégager la zone de raccordement entre conduit principal enterré sur 70 m (tube orange semi flexible diamètre 100 mm) et le câble électrique en gaine flexible grise de plus petit diamètre. L’extrémité d’un conduit flexible diamètre 50 mm a été engagée dans le conduit électrique principal. Ce conduit flexible a ensuite été enterré jusqu’à déboucher au pied du poteau téléphone en limite de propriété. L’aiguille en fibre de verre a été poussée depuis l’extrémité du conduit coté rue vers la maison pour enfin déboucher derrière le tableau de distribution électrique de la maison. L’aiguille étant en place, le technicien chargé du raccordement a attaché l’extrémité de la fibre optique à l’aiguille et tiré celle ci depuis la maison dans les 70 m de conduit enterré.

Pour réaliser l’opération il m’a fallu une bêche, une pioche, une barre à mine, une aiguille de 100 m de fibre de verre sur touret (100 € chez votre grande surface de bricolage), quelques mètres de conduit de récupération et quelques essais et échecs. Il faut également un peu de persévérance et ne pas hésiter à demander de l’aide dans les moments de découragement. En tout il a fallu environ deux semaines pour la préparation et deux jours pour l’installation effective de la fibre optique (incluant la prise de rendez-vous avec le FAI).

Les misères de l’IPv4

Une fois le raccordement à l’internet assuré par fibre optique (abonnement de 25 €/mois chez RED by SFR) et passé l’enthousiasme suscité par les tests de débit (1 Gbit/s), les surprises s’accumulent après l’installation de mes serveurs. Première déconvenue: après consultation de l’interface d’administration de la « box internet » installée par RED, les services de NAT (le traducteur d’adresses réseau) en IPv4 ne sont pas accessibles. Après vérification auprès des forums techniques traitant des réseaux fibre optique, je comprends que les FAI appliquent depuis peu des mesures techniques désignées par le terme CGNAT (Carrier Grade – Network Access Translation) pour pallier à la pénurie d’adresses internet disponibles en IPv4. Pour faire simple, cette stratégie consiste à connecter plusieurs clients au travers d’une même adresse iPv4. Il est alors impossible depuis internet d’accéder à un des clients qui partagent cette même adresse.

Cette modification des conditions d’accès à été réalisée à bas bruit, les FAI ne communicant pas sur les vrais aspects techniques de leur fourniture. C’est totalement passé inaperçu pour la grosse majorité des utilisateurs (en gros, tous ceux qui ne font pas d’auto-hébergement). La chose est d’ailleurs masquée par le fait que la « box internet » livrée par le FAI permet la gestion de l’IPv6 qui permet l’utilisation d’un nombre beaucoup, beaucoup plus important d’adresses IP (suffisant pour la demande future de points de raccordement).

La consultation des forums techniques m’a également permis de comprendre que ces dispositions techniques pouvaient être modifiées sur demande au FAI (retour à l’IPv4 d’origine). C’est la demande de modification qui est un parcours du combattant. Avec RED/SFR le service assistance peut être joint par téléphone (directement ou par rappel à partir de l’appli sur smartphone). Le premier contact est fait avec un personnel de niveau 1 (la personne qui lit une fiche et qui en réfère à un supérieur en cas de demande qui ne correspond pas à la fiche). Systématiquement la réponse est négative à une demande de rollback IPv4 (retour à la version IPv4 d’origine). Après plusieurs tentatives infructueuses je décide de tester l’IPv6 qui est proposé comme une solution. J’ai passé 2 jours à faire le tour de la question avec multiples expérimentations qui vont de l’obtention de nom de domaine paramétré IPv6 aux paramétrages de la « box internet » pour l’utilisation de l’IPv6 avec exposition des ports nécessaires à l’accès à mes serveurs. Tout fonctionne en réseau local. Aucun accès possible depuis l’extérieur (internet) à mes serveurs. J’en déduis que l’infrastructure du FAI n’est pas actuellement en mesure de supporter ce que je demande. D’autre part la majeur partie (environ 90%) des services accessibles sur le net fonctionnent avec un adressage IPv4. On peut le vérifier à l’aide de l’extension « IPvfoo » disponible sur Firefox (le navigateur internet) ou sur Chrome.

Retour à la case départ. Je retente plusieurs fois la demande de rollback auprès de RED/SFR et cette fois j’insiste pour parler à un technicien de niveau 2. Au troisième essai ma demande de rollback est acceptée et 3 heures après avoir raccroché mon téléphone, ma « box internet » permet l’accès IPv4 avec gestion du NAT. Après paramétrage des ports du routeur à l’aide de l’interface NAT mes serveurs sont redevenus accessibles de partout dans le monde à l’aide d’une connexion internet.

En conclusion, l’auto-hébergement de services web ça demande un peu d’expertise, mais aussi et surtout d’avoir de la ténacité quand il s’agit de contacts techniques avec les services clients des FAI.



IPInternet Protocol. Le protocole de communication fondamental de la suite des protocoles internet. Une adresse IP permet d’identifier un terminal connecté au réseau.
IPv4Adressage IP sur un groupe de 4 octets (soit 32 bit). Exemple de notation: 93.23.120.243
octetEn informatique, un octet est un multiplet de 8 bits codant une information. Dans ce système de codage, s’appuyant sur le système binaire, un octet permet de représenter 28 nombres, soit 256 valeurs différentes.
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