La bataille des bannières de consentement

La plupart les sites internet « commerciaux » que vous visitez affichent, au début de la connexion, un bandeau de consentement. Ce bandeau (ou bannière, selon la terminologie officielle) vous pose une question préalable à l’accès au contenu du site. Cette question concerne le partage de vos données personnelles dans un but commercial. C’est une initiative du conseil de l’Europe qui est à l’origine de cette démarche de recueil de consentement. La directive ePrivacy (directive cookies) et la directive RGPD (réglementation sur la protection des données personnelles) s’appliquent dans les 27 états membres depuis mai 2018. Ces directives obligent les entreprises et organismes qui mettent en ligne des sites web à recueillir le consentement des internautes pour l’installation de cookies et l’exploitation des données personnelles transmises notamment au travers de formulaires de contact. C’est la loi et son application a donné lieu à beaucoup de résistance de la part des entreprises qui font commerce de votre fréquentation des sites internet.

La résistance des entreprises et notamment des GAFAM à l’application de cette directive Européenne s’est organisée au travers d’un lobbying puissant. L‘IAB (International Advertising Bureau) est le lobby de l’adtech, et 80% des sites web Européens utilisent le protocole proposé par l’IAB Europe (le « Transparency & Consent Framework » ou TCF) pour faire fonctionner ces fameuses bannières de consentement. Ce protocole vise essentiellement à créer une fatigue des usagers

Ce protocole est très efficace, pour preuve le nombre de fois ou vous appuyer sur le bouton « tout accepter et continuer » sur les bannières à trois boutons. De plus si vous faites l’effort de choisir l’option « continuer sans accepter » vous ne pouvez pas prétendre être protégé contre l’utilisation commerciale de vos données. Ce choix peut être un « Dark Pattern », une sorte de leurre qui ne se base pas sur votre consentement mais sur l’intérêt légitime pour traiter vos données personnelles. Seule l’option « paramétrer vos choix » peut vous garantir un minimum de protection.

Bien entendu, l’option « paramétrer vos choix » vous contraint à passer plus de temps. Très peu d’internautes sont prêts à passer ce temps supplémentaire. Ce protocole est parfaitement illégal car il ne permet pas un choix simple et clair entre consentement et refus.

L’application des directives européennes sur la protection des données individuelles est devenue une réelle préoccupation pour les commerçants. Les statisticiens sont appelés à la rescousse et publient des études comportementales. Un hit parade des modèles de bannière de consentement est tenu à jour sur le site de Commander Act à destinations des responsables marketing.

La CNIL est en France l’organisme chargé de la surveillance de l’application des directives européennes RGPD et ePrivacy. Force est de constater que cette surveillance n’a, pour le moment, pas eu les effets que l’on pourrait en attendre, malgré les nombreuses plaintes déposées par les internautes. Les éditeurs se moquent totalement de la CNIL, bien que cette dernière inflige des amendes (par exemple les 100 Millions d’€uros à Google en décembre 2020 pour non respect de la directive ePrivacy).

La bataille est donc engagée et les amendes infligées aux contrevenants peuvent faire sourire par rapport aux intérêts financiers en jeu.


Pour plus de détails, je vous conseille de consulter l’excellente analyse de Pixel de Tracking (un blog tenu par un ancien de la adtech) sur les bannières de consentement. Vous trouverez également sur ce blog d’autres contenus très documentés sur le tracking publicitaire et le capitalisme de surveillance.


NOTA: Aucun vol de données personnelles à des fins commerciales n’est pratiqué sur le présent site. Vous pouvez consulter la politique de confidentialité via l’onglet dédié, en bas de page.

Voilà.

Obsolescence programmée (suite)

Comme vous le savez probablement, je suis peu favorable à la consommation frénétique d’équipements informatiques, sauf quand c’est motivé par un projet technique altruiste. Aujourd’hui je me suis posé la question du remplacement de ma seule machine tournant sous MS Windows: un PC portable acheté sur mon compte professionnel en 2017 avec un processeur Intel core i7 de 7em génération. Toutes les autres sont équipées de systèmes Linux ou Mac-OS (des dérivés d’Unix). Et nous en venons donc au problème de l’obsolescence des systèmes d’exploitation, le processeur de la machine en question ne répondant pas aux critères définis par Microsoft pour supporter la dernière itération de MS Windows.

Microsoft cessera le support de windows 10 en octobre 2025. La durée de vie de ce système aura été exactement de 10 années. Les possesseurs de PC utilisant le système de Microsoft ayant acheté leur PC avant octobre 2017 seront alors orphelins de mise à jour. En effet, la mise sur le marché de processeurs Intel core i de 8eme génération nécessaires à l’installation de windows 11 date d’ octobre 2017. De ce fait, la durée de vie de ces PC équipés de windows 10 aura été de 8 années avant obsolescence du système. Bien entendu, l’utilisation de ces PC pourra durer au-delà de la date de fin de support du système par Microsoft, mais avec des risques en matière de sécurité et de non fonctionnement de certaines applications.

Les arguments de Microsoft pour bannir les équipements mis sur le marché avant 2018 de support (mises à jour, mise à niveau) après 2025 sont de nature technologique. Je considère plutôt que Microsoft veut combattre la réticence des utilisateurs à changer de version du système. Cette forme d’obsolescence programmée est très efficace pour la vente des smartphones. D’autant plus efficace pour les Smartphones à prix modéré (mises a jour système assurées sur deux ans maximum).

Voila donc ce qui va relancer les actes d’achat de PC après 2025. Je rappelle tout de même que Microsoft est en quasi situation monopolistique. Son système est en effet installé par défaut sur tous les PC commercialisés sur la planète, hormis les équipements produits sous la marque Apple. Dans les faits il s’agit ni plus ni moins de vente forcée. Arguant de l’absence supposée de compétiteurs crédibles, les pouvoirs publics sont jusqu’à présent complices de ces pratiques prédatrices. Un utilisateur qui veut faire tourner sa machine sous un autre système que MS Windows est juridiquement en droit d’exiger le remboursement de la licence d’utilisation du système intégré à la machine qu’il achète. En décembre 2020, le « tribunal ordinaire » de Monza, en Italie, a confirmé le droit de se faire rembourser le coût de la licence de Microsoft Windows sur l’ordinateur dont on a fait l’acquisition, et a condamné Lenovo à payer 20 000 € de dommages et intérêts au demandeur, Luca Bonissi, pour procédure abusive (source: association April). Je suis peu investi dans l’activisme Libriste (le monde Open Source et Licence Libre) et je n’ai pas l’intention de mener ce type de combat juridique. Toutefois, tous les équipements informatiques que j’utilise (sauf un) sont pilotés par un système Open Source basé sur un noyau Linux. Et vous voulez savoir pourquoi ?

Et bien, je ne suis pas lié à Microsoft et je peux utiliser des équipements anciens (certains de plus de dix ans d’âge et mis à niveau par des améliorations matérielles) sans craindre une obsolescence programmée. De plus, les systèmes ouverts sont créés et maintenus par une communauté de développeurs et d’utilisateurs volontaires (bénévoles ou salariés de grosses sociétés informatiques) donc en dehors de stratégies commerciales agressives ou abusives.


Voilà.

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