AOL l’un des pionniers de l’internet grand public éteindra son service d’accès internet par ligne léléphonique fin septembre. La connexion par ligne téléphone commutée (la paire cuivre utilisée avant la fibre optique) nécessitait dans les années 1990 d’utiliser un modem chargé de convertir les informations numériques en signaux analogiques (et inversement).

Lors de la connexion le modem émettait un bruit reconnaissable entre mille, fait de grésillements et de « bips » aigus, qui a accompagné des millions de personnes à travers le monde.
L’entreprise américaine a annoncé dans une note de blog avoir évalué l’intérêt de maintenir ce service: « AOL évalue régulièrement ses produits et services et a décidé de mettre fin à l’accès internet par ligne commutée [à l’aide d’une prise téléphonique traditionnelle]. Ce service et les logiciels associés, le logiciel AOL Dialer et le navigateur AOL Shield, optimisés pour les anciens systèmes d’exploitation et les connexions internet par ligne commutée, seront supprimés ».

AOL avait déjà mis fin en 2017 au service AOL Instant Messenger, un service de messagerie instantané pionnier à la fin des années 1990.

AOL Instant messenger avait été lancé en 1997. En 20217 WhatsApp ou Messenger avaient, de fait, remplacé AOL Instant Messenger en gagnant une audience largement supérieure.
La société AOL avait été rachetée en 2001 par le groupe Time Warner pour 165 milliards de dollars. Elle était devenue l’un des symboles de la bulle internet, qui avait vu la valeur de plusieurs géants du secteur s’effondrer au début des années 2000. En 2015, l’opérateur américain Verizon avait dépensé 4,4 milliards de dollars pour racheter l’entreprise. AOL est aujourd’hui fusionné avec Yahoo! sous le nom Oath, autre géant déchu d’internet, après son rachat par le fonds d’investissement Apollo Global Management.
Selon les données du recensement américain de 2022, environ 175 000 ménages américains se connectent encore à Internet via des services commutés. Ces utilisateurs vivent généralement dans des zones rurales où l’infrastructure haut débit n’existe pas ou reste prohibitive à installer.
Pour ces utilisateurs, les alternatives sont limitées. L’Internet par satellite dessert maintenant environ 2 à 3 millions d’abonnés américains répartis entre divers services, offrant des vitesses bien supérieures à celles de l’accès commuté, mais souvent avec des plafonds de données et une latence plus élevée. Le haut débit traditionnel via des connexions DSL, par câble ou par fibre optique dessert la grande majorité des utilisateurs d’Internet aux États-Unis, mais nécessite des investissements dans les infrastructures qui n’ont pas toujours de sens économique dans les zones peu peuplées.
La persistance de l’accès commuté met en évidence la fracture numérique persistante aux États-Unis. Alors que les utilisateurs urbains bénéficient de connexions par fibre gigabit, certains résidents ruraux s’appuient toujours sur la même technologie qui a alimenté l’Internet en 1995. Même des tâches de base comme le chargement d’une page Web moderne, conçue en supposant des vitesses de haut débit, peuvent prendre quelques minutes sur une connexion commutée, ou parfois ne pas fonctionner du tout.
L’écart entre les connexions Internet commutées et les connexions Internet modernes est stupéfiant. Une connexion commutée typique fournit 0,056 mégabits par seconde, tandis qu’une connexion fibre optique moyenne fournit 500 Mbps, soit près de 9 000 fois plus rapide. Pour mettre cela en perspective, le téléchargement d’une seule photo haute résolution qui se charge instantanément sur le haut débit prendrait plusieurs minutes en ligne commutée. Un film diffusé en temps réel sur Netflix nécessiterait des jours de téléchargement. Mais pour des millions d’Américains qui ont vécu à l’ère de l’accès commuté, ces statistiques ne racontent qu’une partie de l’histoire.
En France, Orange a déconnecté 162 villes du réseau ADSL, soit environ 20 000 clients, à la fin du mois de janvier 2025. Le réseau cuivre doit être progressivement débranché d’ici fin 2030, pour être remplacé par la fibre optique sur la totalité du territoire
Voilà.
Source: arstechnica